Il était une fois… Ok, non. Ne commençons pas l’histoire comme tous les autres. L’histoire du Shérif de Nottingham n’est pas comme celle de tous les autres. William de son nom. Il a grandi comme n’importe quel gamin, dans la boue et dans la famine, à la recherche de façons de s’enrichir. Orphelin, il a passé les quelques premières années de sa vie à fouiller dans le sol et à tenter de survivre. Ce ne fut qu’au fruit du hasard qu’il tomba sur prince Jean. Et qu’il devint son ami. Ils se rencontrèrent sur un terrain de chasse, et, même si le Prince Richard n’était pas d’accord, William et Jean continuèrent à se voir. Il n’y avait pas de raison pour qu’ils continuent de se voir, et pourtant…

En étant l’ami de Jean, il avait droit à quelques privilèges. Grandir, c’était plus facile. Mais le shérif n’avait jamais réellement été d’accord avec Jean qui ne comprenait pas la douleur de ne pas avoir de famille et d’avoir grandi dans le luxe. Mais avec le temps, cette hantise et cette douleur avait fini par disparaître, et William était devenu le larbin de Jean, prêt à tout faire pour son bon ami de haute lignée royale.

Ce ne fut cependant que lorsque Richard, devenu roi, parti à la guerre, en Croisades, que William se vit enfin attribuer le rôle de Shérif qu’il convoitait tant. Le Prince Jean prit possession des taxes, et, dans cette importante levée des demandes pécuniaires, le Shérif eut un rôle de plus en plus important. Car c’était à lui de récolter les taxes. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il finit par appréhender la véritable difficulté qu’allait représenter Robin des Bois. Car cet individu s’était mis en tête de prendre aux riches – le prince Jean – pour donner aux pauvres.

Complètement aveuglé par sa Foi en le prince, il fit tout ce qu’on lui demandait : tirait l’argent des pauvres, les forçant pratiquement à ramper à terre. Sa seule passion, autre que de servir son ami qui l’avait maîtrisé depuis sa toute petite enfance, était de chercher Robin des Bois. De tenter de l’attraper, le faire exécuter pour l’empêcher d’être heureux. Belle Marianne était une des raisons pour laquelle William était si emprunt à faire de la vie de Robin un malheur. Car Marianne était belle, et elle l’avait aidé parfois, lorsqu’il était petit et qu’il n’était que couvert de boue. Jalousie ? Presque.

Cependant, ce fut l’idée d’un tournoi d’archer qui permi d’attraper Robin. Qui déclara sa flamme à Marianne, et tous deux s’enfuirent dans les profondeurs de la forêt de Sherwood. Et, pour tout ce que William savait, c’était fini pour lui.

D’où l’attaque, la potentielle mise à mort de frère Tuck, et le feu du château… Et, puis, quand le Roi Richard revint de guerre, William et Jean furent mis à la peine à briser des rochers à coup de marteau.

Belle histoire, n’est-ce pas ? Voir l’amour partir en fumée pendant que celui que vous avez chassé toute votre vie s’en amuse ? Rien de pire. Rien d’aussi violent comme sentiment… Pour certains, il y a un happily ever after. Pour d’autres, il n’y en a pas. Et c’est tout ce qu’il y a à comprendre…


« Je te jure, la prochaine fois, je te balance à travers le mur, d’accord ?! » La menace sortit d’une voix grave, suffisamment puissante pour interrompre toutes les conversations en cours dans le bar. Lançant un regard panoramique à la salle, Cerberus serra les mâchoires avant de lâcher un « Retournez à vos assiettes, bande de troglodytes ! » qui força les autres à reprendre une conversation plus ou moins difficile. Dans la situation, il vaudrait mieux accepter.
Dans l’extrême, tout le monde aurait dû appeler le Shérif pour régler la situation d’une façon plus… délicate. Mais Cerberus était le Shérif. Alors, l’appeler, ça aurait été difficile. Tenant la tête d’un adolescent contre le comptoir du bar, il venait d’exploser. Soit disant, le petit homme avait lancé une remarque désobligeante à l’intention du Shérif qui était venu vérifier quelque chose chez une autre personne. Attrapant le poignet du jeune homme, Cerberus le hissa sur ses pieds, le souleva même pour le forcer sur ses pattes, et le tira jusque dehors, sur la rue. Là, il plaqua le jeune homme contre le mur, son bras sur la gorge du gamin. Son visage à quelques millimètres de celui du garçon, il reprit la parole.
« Maintenant, dégage. » Donnant un coup dans l’abdomen du gamin, Cerberus finit par lâcher prise et observa le petit détaler comme un chiot blessé. Crachant par terre, le Shérif lança un coup d’œil alentour afin de vérifier que personne ne le surveillait.

S’il y avait une chose dont il se souvenait clairement d’avant ces 5 dernières années passées à Meadow Lake, c’était bien qu’il avait besoin de se protéger par sa violence et sa corpulence. Il avait embrassé le rôle de Shérif de façon plus ou moins parfaite. Si au début les crimes et autres petites infractions avaient disparues, il y avait maintenant quelques petites choses qui le faisaient exploser pour rien.

Traversant la rue en remontant le col de sa veste en cuir, il vérifia qu’il portait bien le badge de Shérif à la ceinture, et prit position dans sa voiture. Il parcourut rapidement les différente fréquences radio, mais rien d’intéressant. Fixant le volant de la voiture, il baissa les yeux lentement. Il y avait ce poids, dans son poitrail… Mais il releva le regard. Tant pis, hein ?

« Bordel. » Il lança un coup d’œil au bar, pour vérifier, puis enclencha le contact, et quitta la rue. Il allait rentrer au poste, et dormir là-bas. Comme d’habitude. La solitude. C’était sa meilleure et seule amie, ici. Et ça faisait quelques temps, déjà.