« Putain, mais merde, Blackburn, attends-moi! » Elle continua sa route, serrant si fort les bas de sa robe blanche que ses jointures devenaient blanchâtres à leur tour. La longueur de la tenue était inconfortable pour la jeune femme. Elle avait à peine dix-neuf ans et ses parents voulaient la marier. N'importe quoi. Le jeune homme en smoking qui la suivait devait avoir le même âge qu'elle. Il posa une main sur son épaule la forçant à arrêter de marcher. « Berlioz.. Lâches-moi! Me forces pas à t'épouser, tu sais bien que l'on tiendrait pas une semaine sans se tuer. Et j'ai pas envie d'aller en taule, merde! » Elle se retourna vers lui. Elle plaisantait mais n'avait pas totalement tord. Il était la bonté, la sagesse, la joie, le jour. Elle était la froideur, le sarcasme et la nuit. Elle ne montrait pas ses sentiments mais Berlioz la savait particulièrement blessée par ce que ses parents voulaient faire. Qu'ils les fiancent, c'est une chose. Mais qu'ils les marient.. Jamais Blackburn aurait cru son sénateur de père capable d'aller aussi loin que cela. Même en soif de popularité et de faire bonne impression. « J'arrête tout. Je coupe les ponts. Quitte à être fauchée comme le Cloclo le SDF en bas de chez mes parents, rien à foutre, j'arrête tout. J'en ai marre d'être Blackburn. » Contre toute attente, elle se laissa tomber sur le trottoir, les coudes sur les genoux et ses mains sous son menton. Après tout, où aller désormais? « Moi aussi, Sly. J'arrête. »

Rapidement, Slythein se trouva un appartement et Berlioz fit de même, devenant respectivement serveuse et garagiste. Ils avaient une vie simple et, presque dix ans plus tard, leur relation devenait de plus en plus.. Compliquée! Voilà, c'est le mot. Ils se côtoyaient depuis leur plus petite enfance, et avaient commencé à se tourner autour dans l'adolescence, avant que leurs parents les fiancent. Puis, c'est devenu un vrai jeu de séduction : c'était au premier qui craquait. Puis leur jeu a été interrompu par le mariage, où Slythein s'est barrée en courant, suivie par un Berlioz pas totalement sûr de ce qu'il faisait. Depuis, ils n'ont pas coupé contact, loin de là. C'était même pire qu'avant. Il la faisait rire, sourire, si bien qu'elle en laissait ses sarcasmes et sa froideur de côté, et lui, il est tombé amoureux de cette Slythein là. La Sly qui sourit, qui rit, qui sort des blagues pas drôles mais qui, avec sa tête adorable, deviennent tout simplement tordantes, la Sly qui laisse ses émotions à la surface, sans les planquer au plus profond d'elle. Et elle est comme ça qu'avec lui. Et elle, petit à petit, elle se rend compte que, non, elle n'est pas si indifférente à Berlioz que cela, finalement..