Le début de journée avait été plus calme. Seule une vielle dame que je connais bien était venu demander à voir les derniers objets que j'avais reçu. Je me fournissais chez un antiquaire très important de Montréal. D'après ce que j'avais compris, il avait des milliers de mètres carrés lui appartenant, où il entreposait ses bijoux. Apparemment, il cherchait tous ses trésors dans les brocantes et dans les vieilles maisons. En tout cas, il avait de très beaux objets. J'étais dans l'arrière de la boutique en train de finir de manger un casse-croute, quand j'entendis le tintement de la porte. Un client ! Ou du moins un curieux ! Peut-être quelqu'un que je connaissais ? Rapidement, je jette les papiers à la poubelle et file me laver les mains vite faits avant de surgir dans ma boutique.

Un bruit de porcelaine brisée retentit et mon cœur s'emballe. Oh non, pas encore un de ces gamins qui vient tout casser dans ma boutique ! La dernière fois, un gosse de huit ans accompagné de sa petite soeur avait failli détruire une maison de poupée datant du dix-neuvième siècle et d'une très grande valeur. Au détour d'une étagère, je tombe sur le coupable. Un jeune homme peut-être un peu plus jeune que moi, tenant à la main, la poupée de porcelaine amputée et dans l'autre, son bras. J'allais lancé une réplique assez méchante mais quand le regard du jeune homme se leva vers moi, aucun son ne sortit de ma bouche. Il semblait tellement désolé, tellement coupable, que je n'arrivais pas à m'énerver. Puis cette poupée n'était pas d'une très grande valeur. Autant au niveau du prix, qu'au niveau "historique". « Vous auriez pu faire attention quand même ! »

Je m'approche un peu de lui, pour lui prendre la poupée et son bras. Je la donnerai à Jordan, peut-être qu'il pourrait la réparer, faire quelque chose pour elle et la rendre aussi jolie qu'elle était avant. Ce garçon devait être bien maladroit pour avoir fait bouger l'étagère à tel point que la poupée était tombée. « Bon écoutez, ce n'est pas très grave, je suis sûre que Jordan fera des merveilles et la rendra aussi belle qu'avant la chute. » Je m'efforce de sourire un peu. « Je m'appelle Snow-Rose et je suis la propriétaire. Si vous avez la moindre question, je vous écoute. Je peux vous montrer des tas de choses dans ce magasin. » Je pose la poupée sur le comptoir non loin de là et reporte mon regard sur le jeune homme.

Le jeune homme ne semble pas vouloir parler, ou peut-être qu'il ne peut pas tout simplement ? Je n'en ai aucune idée. Pour m'indiquer son prénom, il me montre son pendentif en bois où est il est gravé. Je penche la tête pour mieux discerner les lettres et dit à haute voix. « Sully » C'est un très joli prénom. Je le trouve fluide et poétique, j'aime beaucoup. Je lui réponds par un sourire sincère. Peut-être était-il muet ? Pourtant, il me semblait avoir entendu des rires après le tintement de la cloche d'ouverture de la porte. Peut-être que je m'étais trompée, que ces rires provenaient d'enfants au dehors. Ce jeune homme n'avait pas l'ai méchant, loin de là, il était même attendrissant. Comme un enfant, et il faut dire que j'adorais les enfants depuis toujours. A l'orphelinat, je prenais toujours soin des plus petits que moi. Je leur apprenais à se coiffer, à bien se tenir et puis surtout je jouais durant des heures avec eux à toute sorte de choses.

Le regard de Sully s'éloigne de moi pour s'attarder sur un instrument de musique non loin de nous. Une guitare plus précisément, une très ancienne guitare que j'avais reçu il y a très peu de temps. Je le vois m'interroger du regard et m'approche de lui. « Elle te plait ? » Peut-être que Sully s'exprimait avec la musique et qu'il était un très bon guitariste. Son mutisme ne pouvait pas l'empêcher d'être un dieu de la guitare après tout ! « Cette guitare a près de deux siècles. C'est un objets très précieux et chargé d'histoire. Elle a été fabriqué en France au début du 19ième siècle, et a fait le tour du monde. Puis elle a atterrit dans une famille qui ne comprenait pas sa valeur, et qui s'en sont débarrassé» Je caresse la guitare du bout du doigt. le bois est magnifique, je ne comprendrais jamais ces familles "modernes" qui s'empresser de jeter à la poubelle leur passé. « Puis j'ai pu la récupérer. Tu peux l'essayer si tu vois, je serais ravie d'écouter ce que tu fais » J'espérais juste qu'il était possible d'accorder la guitare. les cordes étaient neuves, mais je n'étais pas musicienne, je ne savais donc pas s'il était possible de l'utiliser, mais si Sully en était un, il pourrait.