Avant d’être Jordan, il s’appelait Pinocchio. Façonné en bois des mains de Geppetto, la fée bleue lui avait donné la plus belle chance de sa vie : devenir un véritable petit garçon. Après de multiples aventures et mensonges, Pinocchio avait enfin atteint son but. Parce qu’il avait sauvé la vie de son père, il était digne d’être transformé en humain. Malheureusement, il oublia tout ce qu’il était devenu après la malédiction jetée.


Geppetto, un vieux sculpteur sur bois ayant pour seule compagnie un chat, Figaro, et un poisson rouge, Cléo, décida de créer une marionnette qu’il appela Pinocchio. Son souhait le plus cher était d’avoir un vrai petit garçon. Cette nuit là, la Fée bleue vint exaucer son rêve « Oui Pinocchio, je t’ai donné la vie » « Pourquoi ? » « Car cette nuit, Geppetto a souhaité avoir un véritable garçon » « Et maintenant, je suis véritable ? » « Non Pinocchio, la réalisation du vœux de Geppetto va dépendre entièrement de toi » « Dépendre de moi ? » « Prouves moi que tu es brave, toujours franc, loyal et obéissant et un jour, tu pourras devenir un vrai petit garçon » « Un garçon comme les autres ? » « Ça ne sera pas facile » C’est ainsi que Pinocchio, la simple marionnette de bois, prit vie. C’est Jiminy Cricket qui fut chargé d’être la bonne conscience du petit garçon de bois et de faire de lui un enfant respectable afin que le rêve de Geppetto soit réalisé. Jiminy Cricket prit son rôle très à cœur et expliqua à Pinocchio que le monde n’était pas tout rose. Il essaya de lui expliquer ce qui était bien et ce qui était mauvais. A cause du bruit, Geppetto se réveilla. Il crut rêver quand il vit sa marionnette bouger et parler. Heureux, ils allèrent se coucher. Pinocchio ne comprenait pas pourquoi ils devaient dormir, tout était nouveau pour lui. Geppetto lui expliqua « Demain tu iras à l'école » « Pourquoi ? » « Pour apprendre.. et devenir intelligent » « Pourquoi ? » « Parce que » Comme un vrai petit garçon, Pinocchio allait aller à l’école. Il ne comprenait toujours pas très bien pourquoi il devait y aller, mais c’était la bonne chose à faire.

Le lendemain, Geppetto et Pinocchio prirent le chemin de l’école. Sur le chemin de l’école, Pinocchio croisa deux hommes, Gédéon et Grand Coquin. Ils virent en Pinocchio une opportunité de devenir riches car c’était un pantin vivant, sans ficelles. Ils le détournèrent du chemin de l’école et l'emmenèrent chez Stromboli, un célèbre marionnettiste. Pinocchio, un peu naïf, se mit à croire tout ce qu’on lui raconta sur la belle vie qu’il pourra avoir en étant acteur au théâtre. Jiminy finit par retrouver Pinocchio et le mit en garde, mais le petit garçon de bois ne l’écouta pas. Après le succès rencontré par Pinocchio sur scène, Stromboli refuse de le libérer et l’enferme dans une cage. Il le menace même de le faire brûler. Jiminy essaye de le libérer mais n’y arrive pas. Pinocchio regrette de ne pas avoir écouté sa conscience. C’est là que la Fée bleue intervint. Elle lui dit « Pinocchio, pourquoi n’es-tu pas allé à l’école ? » « A l’école ? Bah je.. je m’en allais à l’école, quand j’ai vu deux messieurs.. deux énormes monstres.. avec des grands yeux verts.. ils m’ont mis dans un grand sac » « Comment as-tu pu t’échapper ? » Au fur et à mesure des mensonges racontés par le petit garçon, son nez se mit à s’allonger « Oh.. regardez.. mon nez. Qu’est-ce qu’il a mon nez ? » « Peut-être m’as-tu menti tout à l’heure Pinocchio » « Mais, c’est impossible, je le jure, je n’ai dit que la vérité.. oh pitié aidez moi, je suis si malheureux » « C’est ainsi qu’un mensonge grandit, grandit, jusqu’à se qu’il se voit comme un nez au milieu de la figure » « A l’avenir, je dirais toujours la vérité, c’est promis » C’est une promesse qu’il pensait vraiment tenir, car son nez ne s’allongea plus. La Fée bleue le pardonna et accepta de l’aider pour une dernière fois.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Gédéon et Grand Coquin n’ont pas disparu. Ils apprennent qu’ils peuvent échanger des enfants désobéissants contre des pièces d’or. Ces enfants, qui ne vont pas à l’école, sont emmenés sur l’île des plaisirs. C’est là que ces deux brigands emmènent Pinocchio, encore trop naïf. Sur l’île, Pinocchio se met à fumer et à boire de l’alcool. Pinocchio, devenu un mauvais garçon, se transforma peu à peu en âne. Grâce à Jiminy, ils réussirent à s’enfuir avant qu’il ne soit complètement transformé. Mais inquiet, Geppetto était allé chercher Pinocchio en mer et un message dit qu’il a été avalé par la baleine Monstro. Pinocchio décide d’aller le chercher. Après avoir trouvé la baleine, il finit par retrouver son père, lui aussi avalé. Pour sortir, il eut l’idée d’allumer un feu pour la faire éternuer, ce qui fonctionna. Malheureusement, Monstro se mit en colère et s’attaqua à eux « Pinocchio, nage vers la rive ! » « Tiens bon, papa ! » « Pinocchio, sauve-toi. Ne t'occupe pas de moi, fiston. Sauve-toi ! » Pinocchio n’abandonna pas son père, qui ne savait pas nager et tenta de le sauver tel un vrai héro. La baleine, toujours en colère, créa une grosse vague, déposa Geppetto et les animaux sur le rivage. Seul Pinocchio ne semble pas s’en être sorti.

« Réveille-toi, Pinocchio. Réveille-toi » « Papa, pourquoi pleures-tu ? » « Parce que.. tu es mort, Pinocchio » « Non. Je ne suis pas mort » « Mais si, mais si. Allons, recouche-toi » « Mais papa, je suis vivant. Tu vois ? Et je.. je suis.. je suis un vrai garçon ! » « Tu es vivant et tu es un vrai garçon ! » Geppetto réalisa alors qu’il n’avait pas perdu son fils et qu’il était à présent un vrai garçon de chair et de sang. Pour avoir sauvé la vie de son père au péril de la sienne, Pinocchio méritait la vie. Depuis ce jour là, Pinocchio et Geppetto vécurent heureux en compagnie de Jiminy, conscience officielle du garçon et de Cléo et Figaro. Pinocchio ne mentit plus jamais et décida de toujours écouter Jiminy avec attention. Il ne se fit plus avoir et grandit paisiblement.


Aussi loin qu’il puisse s’en souvenir, Jordan était né et avait grandi à Meadow Lake. Il habitait dans une petite maison, seul avec son père, leur chat et leur poisson rouge. Jordan avait toujours habité dans cette maison un peu vieillotte, remplie de divers objets plus ou moins vieux. Le père de Jordan avait une certaine fascination pour les objets en bois. Jordan s’était toujours demandé si ce n’était pas dangereux d’avoir tout ça dans sa maison, surtout si un incendie se manifestait un jour. Un des vieux souvenirs qui lui revenait le plus souvent en mémoire avait eu lieu peu après ses treize ans. Cela s’était passé juste devant cette vieille maison, un jour où il rentrait des cours. C’était un jour d’hiver, le sol était glissant, ce qui ne manqua pas d’arriver, arriva « Bah alors Jordan, tu ne tiens pas sur tes deux jambes à ton âge ? Tu t’es fait mal ? » « Non.. » « Laisses moi regarder » « Non c’est bon, j’ai pas mal.. » Pourtant, même s’il certifiait à son père qu’il ne souffrait pas au genoux, ce qui n’était pas un mensonge, Jordan avait les larmes aux yeux. Il osa parler à son père de ce qui le tracassait « Dis moi papa.. elle est où maman ? » « Elle est partie » « Partie ? Pourquoi ? » « Je n’en sais rien, mon garçon. Des choses arrivent dans la vie, on ne les explique pas toujours » « Tu me crois encore trop jeune pour me dire ce qui s’est passé ? Je ne suis plus un petit garçon » Le père de Jordan resta distant, il sembla avoir comme un passage à blanc, ses yeux regardaient dans le vide. En silence, il s’éloigna sans prendre la peine de répondre à son fils. Vexé, il fila directement dans sa chambre et claqua la porte. La vérité, c’était que son père n’avait aucune idée de l’endroit où était passé sa femme. Était-elle morte ? Les avaient-ils quitté ? Il n’en avait aucun souvenir, mais il ne pouvait pas dire ça à son fils.

A quatorze ans, Jordan croisa la route de quelques mauvaises personnes à l’école. Il fit la connaissance de quelques mauvais garçons qui l’entraînèrent avec eux dans leur descente aux enfers. Jordan les trouvait cool, il était peut être un peu trop naïf. Avec eux, il se mit à sécher les cours et en l’espace de quelques mois, ses notes baissèrent terriblement. Il commença à fumer et boire. Jordan se sentait libre et très vivant en leur compagnie. Il les suivait partout où ils allaient, il devint un membre à part entière de la bande. Mais un soir, alors qu’ils avaient tous un peu trop bu, le chef de la bande décida d’aller vandaliser une boutique pour une vieille histoire de vengeance. Jordan ne voulait rien avoir à faire avec ça, mais il finit par se laisser convaincre d’y aller et même d’y participer. Malheureusement pour lui, la police arriva très vite et il avait le malheur d’être celui aux deux pieds gauches. Jordan glissa et tout bascula en une seconde. Il fut attrapé et tenu pour responsable de la dégradation de la boutique, mais aussi des divers vols qui avaient eu lieu par le passé et dont il n’était pas fautif. Mais pour ne pas dénoncer ceux qu’il croyait être ses amis, il ne dénonça pas le vrai coupable. Quelques jours plus tard, à seulement quinze ans, il fut renvoyé du lycée. Après ça, la vie de Jordan fut plus calme au niveau des fréquentations et des bêtises. Il arrêta de fumer et de boire, mais il ne retrouva pas le chemin des cours. Il passa deux ans à se chercher.

Sentant qu’il devenait une honte pour son père, Jordan essaya de trouver un emploi. Il était encore un peu jeune, mais il était motivé. Il se rendit à la mairie. Sur un tableau, il tomba par hasard sur une annonce. La boutique d’antiquité Antiquités Wright cherchait un employé, c’était la boutique de Snow-Rose, une fille qu’il avait déjà eu l’occasion de rencontrer « Tu devrais postuler » « Pardon ? » « Tu recherches bien un travail, non ? » « Oui.. » « Alors tu devrais postuler » « Merci.. » L’apparition mystère de cette mystérieuse femme finit de le convaincre. Il prit la direction de la boutique en espérant que la place ne soit pas déjà prise. Poussant la porte, il se dirigea directement vers le comptoir. Snow-Rose leva la tête et lui sourit « Je peux faire quelque chose pour toi, Jordan ? » « Oui, tu peux me prendre pour employé » « Pardon ? » « Allez Snow-Rose, engages moi.. tu sais que je ferais du bon travail. Je suis très doué de mes mains.. tu ne pourras plus te passer de moi » Bien sûr, il n’avait aucune expérience. Il ne savait pas vraiment s’il était doué ou pas, il n’avait jamais essayé. C’était un mensonge de plus. Jordan ferait tout pour avoir enfin un travail « Je ne sais pas, Jordan.. laisses moi réfléchir quelques jours » Snow-Rose doutait sans doutes de lui, à cause de son passé que tout le monde connaissait dans la ville. Vivre dans une petite ville n’avait pas toujours des avantages « Donnes moi une chance, je ne te décevrais pas » « Bon.. je t’engage une semaine et si tu t’en sors bien, je t’engagerais définitivement. Mais attention, pas de bêtises, j’y tiens à ma boutique »

Pendant près d’un an, il s’entraîna et se perfectionna dans la restauration et vente de vieux objets. Il sut peu à peu se montrer indispensable à la boutique de Snow-Rose. Jordan avait complètement changé. Les bêtises semblaient loin derrière lui. Aujourd’hui, sa vie était un peu plus tranquille et il était plus heureux et épanoui. Pourtant il sait qu’il faut qu’il reste vigilant, parce qu’un rien lui suffirait pour refaire confiance aux mauvaises personnes.